La venue d’un premier enfant est souvent source de bonheur et d’épanouissement pour les parents. Cependant, l’arrivée d’un deuxième enfant peut s’avérer plus compliquée sur le plan des émotions et des sentiments. De nombreux parents éprouvent des difficultés à aimer leur cadet avec la même intensité que leur aîné. Sentiments de culpabilité, crainte de délaisser le premier-né, fatigue accrue viennent obscurcir le tableau.
Pourtant, cette situation n’est ni anormale, ni définitive. Avec du temps et de la patience, l’amour pour le deuxième enfant finit toujours par s’épanouir. Explications et témoignages.
Un amour différent pour chaque enfant
Il est important de comprendre que l’amour que l’on porte à ses enfants est nécessairement différent selon leur rang dans la fratrie:
- L’aîné reste le premier enfant que l’on a mis au monde. Sa venue marque un tournant dans la vie du couple et l’entrée dans la parentalité.
- Le deuxième enfant n’a pas le même statut. Si sa venue est désirée, elle charrie son lot d’appréhensions face à cet inconnu qui va chambouler la cellule familiale établie.
Il est donc normal que les sentiments diffèrent d’un enfant à l’autre. Chaque enfant est unique et la relation que l’on construit avec lui l’est aussi. Il n’y a pas de meilleur ou de moins bon amour, simplement un amour singulier.
Témoignage
« Pour mon premier, j’avais l’impression que tout était nouveau et magique. Avec le deuxième, la magie n’était plus là, mais mon amour s’est construit différemment, sur d’autres bases, plus terre-à-terre. Aujourd’hui, je suis aussi proche de l’un que de l’autre. » Emma, maman de Léo, 5 ans et Zoé, 3 ans.
La peur de l’inconnu
Attendre un deuxième bébé lorsque l’on est déjà parent n’a rien à voir avec une première grossesse. L’insouciance de la découverte laisse place à de multiples questionnements:
- Comment mon aîné va-t-il réagir ?
- Arriverai-je à me répartir de manière équitable entre mes deux enfants ?
- Ne vais-je pas délaisser l’enfant que j’ai mis au monde en premier ?
Ce flot d’interrogations est légitime mais source d’inquiétudes. Il empêche de savourer pleinement cette deuxième grossesse et rend difficile la création du lien affectif avec ce deuxième bébé imaginaire.
Témoignage
« Quand j’ai appris ma deuxième grossesse, j’ai eu un sentiment de panique. J’adorais tellement mon fils que je me demandais si j’arriverais à aimer autant cet enfant à naître. Finalement, petit à petit, au fil des échographies et des premiers mouvements dans mon ventre, le lien s’est tissé en douceur. » Léa, maman de Gabriel, 7 ans et Arthur, 3 ans.
La culpabilité face à l’aîné
Certains parents ressentent un fort sentiment de culpabilité vis-à-vis de leur premier-né lors de l’arrivée du deuxième. Ils ont parfois l’impression de lui imposer cet enfant et de le déposséder de sa place privilégiée:
- Je lui vole son statut d’enfant unique
- Je le délaisse au profit du nouveau-né
- Je lui impose un petit tyran qui va lui gâcher la vie
Il est primordial de comprendre que ce sentiment de culpabilité est infondé. Les aînés sont rarement traumatisés par l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur, bien au contraire. Cet événement est même structurant pour eux, à condition de continuer à leur accorder toute l’attention et l’amour nécessaires.
Témoignage
« Ma fille aînée était tellement contente à l’annonce de ma deuxième grossesse ! Bien sûr il y a eu une petite période d’adaptation à l’arrivée de bébé, mais elle a rapidement trouvé ses marques de grande sœur. Aujourd’hui, à 3 et 5 ans, mes filles sont inséparables et se chamaillent comme de vraies copines. » Chloé, maman de Jade et Louise.
La peur de mal faire
Certains parents craignent aussi de ne pas réussir aussi bien avec leur deuxième qu’avec leur premier enfant. Ils peuvent avoir le sentiment d’avoir atteint un certain degré de maîtrise dans leur rôle de parent et redoutent l’arrivée de ce nouvel être à éduquer:
- Et si je ne parvenais pas à le comprendre ou à répondre à ses besoins?
- Et si je reproduisais les mêmes erreurs?
- Ne vais-je pas le comparer à son aîné?
Là encore, pas de panique. Chaque enfant est unique et l’expérience acquise avec le premier servira avec le second. Lâcher prise et suivre son instinct de parent est la clé, sans se mettre trop de pression.
Témoignage
« Pour mon premier, j’avais peur de ne pas être à la hauteur alors je lisais tous les livres de puériculture qui me tombaient sous la main ! Du coup, j’avais l’impression de toujours faire quelque chose de travers. Avec mon deuxième, j’ai arrêté de stresser pour un rien et fait confiance à mon instinct. Résultat : je me sens beaucoup plus détendue. » Sarah, maman de Gabriel, 5 ans et Raphaël, 20 mois.
Une fatigue physique et morale
Entre un bébé qui ne fait pas ses nuits et un aîné qui réclame toujours autant d’attention, la fatigue s’installe insidieusement chez les parents de deux enfants. Cette fatigue peut empêcher de savourer les premiers mois du cadet et altérer la qualité de la relation.
Heureusement, cette période intense n’est que temporaire. Il est donc important de se ménager et de demander de l’aide à son conjoint et à son entourage proche. Le sommeil et le repos finiront par revenir peu à peu.
Témoignage
« Quand mon deuxième est né, j’ai eu l’impression qu’on m’avait vidé une charge de camion sur le dos… J’enchaînais les nuits blanches et le rythme effréné du matin avec ma fille aînée me lessivait. Heureusement mon mari était là pour prendre le relais et mes beaux-parents nous ont beaucoup aidés. Ça m’a permis de tenir le coup. » Camille, maman d’Alice, 4 ans et du petit Gabriel, 8 mois.
Un accaparement du nouveau-né
Le nouveau-né accapare naturellement une grande partie de l’attention et de l’énergie des parents les premiers mois. Entre les biberons, leschanges, le rythme de sommeil désynchronisé et les pleurs inexpliqués, le nourrisson monopolise sa maman. Difficile dans ces conditions de rester aussi disponible pour l’aîné qu’avant…
Il est donc normal que la relation avec le premier-né en pâtisse temporairement. Inutile toutefois de culpabiliser pour autant : son tour viendra à nouveau quand le cadet sera plus autonome. En attendant, il est essentiel de lui accorder des moments privilégiés en tête à tête pour renforcer votre lien.
Témoignage
« Quand Léo est né, j’ai dû réadapter complètement l’organisation de mes journées pour continuer à accorder du temps exclusivement à ma fille. Je me levais plus tôt pour prendre mon petit-déjeuner et faire une activité avec elle avant que son petit frère ne se réveille. Ça nous a permis de garder notre complicité. » Julie, maman de Louise, 5 ans et Léo, ans.
Un amour qui demande du temps
Contrairement au coup de foudre qu’ont ressenti de nombreux parents lors de la naissance de leur premier-né, l’amour pour le deuxième enfant peut se faire désirer. Mais cela ne signifie pas que le lien affectif ne se nouera pas !
Compte tenu des bouleversements induits par l’arrivée de ce deuxième bébé, il est normal que la construction de la relation prenne plus de temps. Inutile de se mettre la pression, l’attachement se développera naturellement grâce aux soins prodigués et aux moments de complicité partagés.
Témoignage
« Quand Léa est née, ça a été le coup de foudre immédiat. Alors que pour Simon, j’ai mis un bon mois à vraiment créer un lien avec lui. Au début, je m’occupais de lui comme d’un bébé quelconque. Puis en apprenant à le connaître, je me suis attachée de plus en plus fort à sa petite personnalité. » Manon, maman de Léa, 4 ans et Simon, 10 mois.
La difficile répartition de l’attention
Lorsqu’on n’a qu’un enfant, on peut se concentrer pleinement sur lui. La donne change avec l’arrivée d’un deuxième bébé, qui exige lui aussi son lot d’attention. Certains parents éprouvent des difficultés à répondre aux besoins simultanés de leurs deux enfants.
Il s’agit là d’un sentiment tout à fait normal. Personne ne peut se dédoubler ! La clé est d’établir de nouvelles routines en y intégrant chaque enfant, et de solliciter l’aide de son conjoint et de son entourage.
Témoignage
« Les premiers mois, c’était sport de m’occuper de ma fille d’un an et de mon nouveau-né en même temps ! Quand l’une réclamait un câlin, l’autre se mettait à pleurer… Heureusement que mon mari était là en renfort. On formait une bonne équipe à deux, même si je culpabilisais souvent de ne pas pouvoir me couper en deux. » Léa, maman d’Alice, ans et demi, et Gabriel, an.
Une organisation rodée chamboulée
L’arrivée d’un nourrisson chamboule les habitudes et l’organisation bien huilée mises en place avec un seul enfant. Tout est à repenser :
- Le rythme de la journée
- Les rituels de coucher
- La répartition des tâches parentales
- Les activités de l’aîné
- L’aménagement de la maison
Ce changement brutal d’organisation, ajouté à la fatigue, peut déstabiliser les parents et les empêcher de profiter sereinement des premiers mois. Il leur faut du temps pour trouver leurs marques et instaurer une nouvelle routine adaptée à cette configuration familiale inédite.
Témoignage
« Avant, on avait nos petites habitudes tranquilles avec notre fils unique… Du jour au lendemain, tout a été chamboulé avec l’arrivée de bébé ! Plus moyen de sortir aussi librement, la sieste de l’après-midi est devenue mission impossible… On était un peu perdus au début à devoir tout réorganiser. Finalement en quelques mois on a réussi à prendre nos marques et trouver notre nouvel équilibre. » Thomas, papa de Lubin, 3 ans et demi et Pablo, 8 mois.
L’inégal investissement du conjoint
Certains parents ressentent un fort sentiment d’injustice lorsque leur conjoint ne s’investit pas de manière égale dans la prise en charge du nouveau-né. Cette charge mentale et émotionnelle supplémentaire vient encore obscurcir le lien naissant avec le cadet.
Il est donc essentiel d’instaurer un dialogue positif au sein du couple et de répartir les responsabilités de chacun de manière équitable. Les deux parents doivent pouvoir profiter des bons moments avec leur nourrisson et se relayer dans les tâches moins agréables.
Témoignage
« Avec notre premier, mon mari était au petit soin pendant ma grossesse mais après la naissance, je me suis retrouvée bien seule à tout gérer… Lors de ma deuxième grossesse, je lui ai clairement fait comprendre que je ne pourrai pas tout assumer toute seule à nouveau. Il a bien compris le message et s’investit beaucoup plus cette fois-ci ! » Clémence, maman de Tom, 3 ans et Émile, 5 mois.
Un mode de garde à repenser
Le mode de garde mis en place pour l’aîné (crèche, assistante maternelle…) n’est pas forcément adapté ou disponible pour accueillir un deuxième enfant. Se pose alors la question de la gestion de ce deuxième nourrisson.
Cette réorganisation contrainte est source de nombreux tracas :
- Le budget est-il suffisant pour deux gardes ?
- Comment gérer les plannings de chacun ?