C’est un fait bien connu : partout dans le monde, les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes. En France, l’écart actuel est de près de 6 ans en faveur des femmes, avec une espérance de vie de 85,6 ans contre 80 ans pour les hommes.
Mais quelles sont les raisons de cette différence entre les sexes ? Est-ce uniquement lié au mode de vie ou la biologie joue-t-elle aussi un rôle ? Nous allons explorer ensemble les dernières découvertes scientifiques et statistiques qui permettent de mieux comprendre cet avantage des femmes dans la course à la longévité.
Un phénomène universel présent depuis longtemps
Si l’espérance de vie tend à s’allonger depuis deux siècles grâce aux progrès sanitaires et sociaux, l’écart de longévité entre hommes et femmes existe depuis bien plus longtemps.
En effet, avant le 18e siècle, les données historiques manquent pour connaître précisément la différence à l’échelle de pays entiers. Mais déjà à l’époque moderne, pour 100 filles, il naissait environ 102 garçons, suggérant une surmortalité masculine dès l’enfance.
Cette tendance se retrouve chez nos cousins primates comme les chimpanzés et les bonobos, ainsi que chez la plupart des mammifères. Dans 134 espèces animales étudiées récemment, les femelles adultes vivaient en moyenne 11% plus longtemps que les mâles.
Les facteurs biologiques et génétiques en jeu
Le chromosome X, un atout pour la survie
Les femmes possèdent deux chromosomes X (XX) alors que les hommes n’en ont qu’un seul, accompagné d’un chromosome Y (XY) qui détermine leur sexe masculin.
Or une étude américaine montre que les souris génétiquement modifiées avec deux chromosomes X vivaient plus longtemps, qu’elles aient des ovaires ou des testicules. Avoir une copie de secours de certains gènes liés au X apporterait donc un avantage face à certaines maladies.
Les hormones féminines, bouclier anti-âge naturel
Les œstrogènes, hormones sexuelles féminines, agiraient comme un bouclier protecteur pour la santé. Elles renforcent le système immunitaire et ont un effet antioxydant bénéfique contre les maladies cardiovasculaires.
De plus, l’étude sur les souris montre que celles avec des ovaires (donc soumises aux œstrogènes) survivaient encore plus longtemps. Ces hormones activeraient donc certaines voies biologiques anti-âge.
À l’inverse, la testostérone, hormone masculine, est associée sur le long terme à des risques accrus d’hypertension et de cancers comme celui de la prostate.
Mode de vie : les femmes prennent soin d’elles
Une plus grande attention à leur santé
Les femmes surveillent davantage leur hygiène de vie et ont plus recours aux soins médicaux que les hommes. Elles ont des suivis réguliers (contraception, grossesse, ménopause) qui permettent de détecter plus tôt d’éventuels problèmes.
Elles participent aussi plus aux programmes de dépistage. Dans les Pays de la Loire par exemple, 40% des femmes de 50-74 ans ont fait un dépistage du cancer colorectal, contre 36% des hommes.
Moins de comportements à risque
Fumer, boire de l’alcool, consommer des drogues… Les femmes ont généralement moins de conduites néfastes pour la santé.
En France, 1 femme sur 5 fume quotidiennement contre 1 homme sur 3. Idem pour l’alcool, avec 6% de buveuses à risque contre 20%. Et moins de 1% des femmes consomment régulièrement du cannabis, contre 2,2% des hommes.
Ces produits favorisent certains cancers et maladies chroniques, principales causes de décès prématurés.
Conditions de travail moins pénibles
Les femmes sont moins exposées que les hommes à des contraintes physiques, au travail de nuit ou aux produits toxiques.
Ces facteurs multiplient les risques d’accidents et de maladies professionnelles qui réduisent l’espérance de vie masculine.
Des écarts qui se réduisent mais persistent
Les hommes rattrapent leur retard
Depuis les années 80, l’écart d’espérance de vie se resserre : il est passé de 8,2 ans au pic à 5,9 ans actuellement en France.
Les hommes adoptent peu à peu des comportements plus sains. Ils fument moins et font plus attention à leur santé. Et les progrès de la médecine profitent à tous.
Mais des inégalités de santé demeurent
Cependant, les femmes gardent un avantage : à 65 ans, elles peuvent espérer vivre 54% de leur temps restant en bonne santé, contre 59% pour les hommes.
Elles sont moins touchées par les maladies graves comme celles cardiovasculaires. Même si elles souffrent plus de maladies chroniques, celles-ci sont moins létales que celles des hommes.
Comprendre le paradoxe des femmes
Résilientes malgré les inégalités sociales
Les femmes vivent plus longtemps alors qu’elles subissent de nombreuses discriminations sociales : salaires inférieurs, droits limités dans certains pays, stress, dépression, violences…
Leur résistance serait liée à une meilleure capacité à surmonter les chocs et s’adapter au fil de la vie. Les hormones et les gènes favoriseraient cette résilience innée.
Le rôle crucial de la maternité
Historiquement, le risque majeur pour les femmes était lié aux complications des grossesses et accouchements. La maîtrise de la mortalité maternelle au 20e siècle a fait gagner de nombreuses années d’espérance de vie aux femmes.
De plus, le fait de donner la vie motiverait les mères à en prendre soin, pour elles et leurs enfants. Un instinct de protection et de transmission.
Perspectives : vers l’égalité des longévités ?
Grandes variations selon les espèces et sociétés
Si la tendance générale donne l’avantage aux femelles, une étude montre une grande diversité d’écarts de longévité entre espèces animales, allant de quasi nul à 60% !
Cela suggère que les différences entre mâles et femelles dépendent beaucoup des conditions environnementales qui révèlent ou non leurs vulnérabilités.
Chez l’humain aussi, l’écart varie selon les sociétés : 5% dans les pays développés contre 17,5% chez certains chasseurs-cueilleurs.
Agir sur les inégalités pour allonger la vie de tous
La lutte contre les inégalités sociales de santé, qui défavorisent encore plus les hommes, pourrait contribuer à réduire l’écart.
Permettre à tous d’adopter des modes de vie sains, d’accéder aux soins, de travailler dans de bonnes conditions… C’est le meilleur moyen de faire gagner des années de vie en bonne santé aux deux sexes.
Dans le futur, on peut donc espérer tendre vers une égalité des longévités entre hommes et femmes, tout en continuant de progresser globalement. Les recherches devront encore percer les mystères de la longévité féminine pour en faire bénéficier l’humanité entière. Une belle leçon de vie à retenir ! 💪🔬👩🔬